« Une attitude favorable à l’environnement et à notre santé »
Au-delà de l’énergie nécessaire aux logements (construction et chauffage) et aux transports, l’alimentation représente la part la plus importante avec l’émission de 27 % de gaz à effet de serre (GES) (1).
Dont les principaux sont : gaz carbonique (co2), méthane (ch4) et oxyde d’azote (n2o).
L’alimentation est le domaine où nos changements d’attitudes pourraient être les plus rapidement efficaces. Au delà des aspects énergétiques, notre système alimentaire d’aujourd’hui n’est pas durable. Alors que certains humains souffrent de la faim, d’autres sont en surpoids ou obèses.
Certains styles alimentaires favorisent des maladies (cardiovasculaires, diabètes, cancers …) entraînant des coûts sociaux et de santé. Par ailleurs, certains types de production agricole sont à l’origine de problèmes environnementaux : changement climatique, pollutions des sols et des eaux, perte de la biodiversité, pathologies observées chez les producteurs et suspectées chez les consommateurs… Ces divers problèmes vont encore s’accentuer sous l’effet de l’accroissement de population mondiale, des migrations et de la raréfaction des ressources, notamment pour les énergies fossiles et aussi le phosphore (2). Nous allons tenter d’examiner au travers de l’alimentation, ce que chacun d’entre nous peut faire de manière pratique pour rechercher le meilleur compromis entre les besoins de la planète et aussi l’intérêt individuel. En effet, on imagine que les quantités d’énergie déployées et les pollutions obtenues seront très variables selon le mode de production, la nature des aliments, les habitudes alimentaires, les modes de cuisson …On essaiera de donner quelques éclairages, sans doute connus pour certains mais aussi parfois plus surprenants car les choses ne sont pas simples dans le domaine de l’alimentation lorsqu’on le regarde sous les multiples facettes de l’écologie.
INFLUENCE DES HABITUDES ALIMENTAIRES
Les habitudes alimentaires sont liées fortement à la géographie, l’histoire, la culture et aussi au goût de chacun.
Quelques exemples d’habitudes alimentaires :
Les « crudivores »
Dans l’absolu, les « crudivores » mangeant fruits et légumes crus sont les plus proches de l’idéal « sans pétrole », sous réserves que ces aliments ne proviennent pas d’exploitations où tracteurs, engrais chimiques et autres substances phytosanitaires sont employés. Les crudivores mangeant du « bio » sont donc le plus proche de l’idéal. Le manger cru majoritaire est difficilement réalisable au quotidien et ne serait pas souhaitable d’un point de vue nutritionnel.
Les « carnivores »
Les « carnivores », savent-ils qu’il faut 5 à 7 calories d’origine végétale pour obtenir 1 calorie de viande ? De plus, parmi les végétaux utilisés pour la nourriture des animaux, on retrouve très souvent du soja OGM d’origine lointaine (ex : Brésil) en compléments alimentaires. Sans aller vers le débat sur les OGM, on rappellera que cette modification de la plante a été principalement introduite pour lui permettre d’être plus résistante à un désherbant célèbre contenant du glyphosate, herbicide d’origine pétrolière et qui est lourd de conséquence aussi pour notre environnement. On retrouve ainsi des traces de ce perturbateur endocrinien dans la viande et jusque dans nos urines (3).Au delà du coût énergétique d’origine céréalière demandé par la production de viande, cette dernière est visée aussi pour sa contribution aux différents gaz à effet de serre (GES) en raison du dégagement de méthane des ruminants et aussi des différents gaz engendrés autour de l’élevage (CO2, N2O …). A cela s’ajoute la crise de la « vache folle » (1999-2000) et quelques affaires récentes sur la maltraitance animale en élevages industriels et en abattoirs qui font que cette source alimentaire est aussi mise en cause. Ainsi depuis quelques années la consommation de viande en France a diminué pour de multiples raisons. Malgré tout on ne peut nier qu’un élevage en pâture apporte aussi quelques intérêts : Voir illustration ci-dessous…
Les « omnivores »
On peut dire que du point de vue physiologique nous sommes des êtres omnivores (donc « conçus » pour manger varié). Du point de vue de la santé, de nombreux nutritionnistes pensent que l’on peut réduire notre consommation de viande ce qui au final apporterait aussi un peu d’air à notre planète, tant en termes d’économie de pétrole que de réduction des GES !
Malheureusement, si nous faisons ces efforts il faut bien reconnaître que l’accroissement de la population mondiale associé à des demandes de viande de plus en plus fortes, comme en Chine, devient de plus en plus préoccupant.
A ce stade, on peut donc considérer que traditionnellement une bonne partie de la population française mange de la viande (bovin, porc, volaille…), complétée par des légumes, des fruits et aussi des produits laitiers. Cependant les experts de l’éco-alimentation vont encore plus loin dans le découpage des profils alimentaires, avec par exemple : les « fastfooders », les « exigeants conscients de leur alimentation »… Ainsi, selon certaines études, les « fastfooders » ont une contribution de 25% supérieure à celle des « exigeants conscients de leur alimentation » dans l’émission des GES. Pour les premiers on estime une contribution à hauteur de 2,5T de CO2/ an, pour les seconds elle ne serait que de 2T/an. Cela peut s’expliquer par le fait que les premiers consomment davantage de viande alors que les seconds ont une alimentation plus équilibrée en fruits et légumes.
Ainsi, sans chercher à devenir un végétarien strict, mais en réduisant simplement la part de viande, en rééquilibrant vers plus de fruits et légumes comme le recommande le PNNS (Plan National Nutrition Santé) et en s’orientant vers le bio, on observe que l’on peut diminuer sa contribution aux Gaz à Effet de Serre alimentaires de plus de 40%, joli résultat pour un effort relativement facile.
INFLUENCE DE LA COMPOSITION DE NOTRE ASSIETTE SUR LES GAZ À EFFET DE SERRE (GES)
On vient d’évoquer l’influence des habitudes alimentaires sur l’émission des GES, et donc de l’énergie qui y est souvent associée, mais ceci peut rester assez abstrait. Selon une étude allemande (4)
On observe que les produits laitiers et la viande sont les deux familles d’aliments les plus fortes contributrices de GES par rapport à la quantité d’aliments consommée par les ménages. On peut même dire qu’il existe un effet amplificateur. Ainsi, pour un peu moins de 300 kg de produits laitiers consommés annuellement par ménage, la quantité de GES émise approche la tonne !
Concernant le cas de la viande, l’INRA, rapporteur de cette étude, souligne qu’elle concerne les familles allemandes, grosses consommatrices de porcs. Pour les français, plus amateurs de bovins, l’émission de GES serait vraisemblablement encore plus importante.
En conclusion, les français un peu soucieux de leur alimentation et qui ont un régime relativement varié, mais un brin « carnivore », tout de même, ont tout intérêt à réduire les portions carnées. Orientation permettant d’aller vers le bon chemin environnemental avec des effets positifs aussi sur le plan santé (réduction des risques de cancers).
À SUIVRE…
Bernard PETIT
Canopée
Réseau Environnement Santé (RES)
Association pour la Promotion de l’Agriculture Biologique en Aveyron (APABA)
Références bibliographiques :
1- Etudes REPERES 2011- Commissariat au Développement Durable
2- Le phosphore
3-Detection of glyphosate residues in animals and humans ; M.Krüger-J. Environnmental Analytical Toxicology-2014 4.2
4-Les émissions de GES de différents styles alimentaires en Allemagne ; Ulrike Eberle- Courrier de l’Environnement de l’INRA -N°60/2011
Article publié par « Canopée » le 01/09/2021