« Le démarrage du projet et le choix des matériaux »
Juliette et Valentin ont accepté de nous faire vivre, avec eux, les étapes de leur projet d’installation à Livinhac : une grange, un terrain de 2000m2 et des perspectives heureuses !
Ce deuxième épisode est consacré à l’élaboration des plans et du choix des matériaux.
Régulièrement, nous vous donnerons des nouvelles de ce couple motivé, et des résultats de leur détermination à construire de façon durable.
Interview de Juliette et Valentin
Ou en est le projet ?
Concernant la grange, nous avons eu notre première réunion de chantier ! Début des travaux prévu pour fin septembre 2023, et a priori la maison serait hors d’eau/hors d’air pour Noël 2023. On a aussi passé beaucoup de temps à rechercher des artisans et à travailler sur le projet pour faire baisser le coût global du projet, qui dépassait largement notre budget.
Quel niveau d’isolation cherchez vous à atteindre (passive, basse consommation…) ? Comment pensez-vous y parvenir ?
Nous ne visons pas un label en particulier, et, étant en réhabilitation, nous ne sommes pas soumis à la RE2020 du neuf. Nous pensons que le score de consommation thermique de l’habitation ne doit pas être le seul objectif à atteindre, mais qu’il doit être pensé avec les moyens et techniques qui l’accompagnent. Nous avons ainsi écarté toute solution trop technologique (pompe à chaleur, VMC double flux, domotique) ou utilisant des matériaux non biosourcés et renouvelables (membranes d’étanchéité plastique, notamment).
Nous ne visons pas non plus l’autonomie pour cette même raison. Cela n’a par exemple pas de sens pour nous d’installer des batteries alors que nous sommes dans un village où un réseau électrique existe déjà. Notre objectif est de parvenir à la plus faible consommation d’énergie tout en utilisant les atouts locaux existants (la masse thermique des pierres de la grange, le bois disponible dans la région…) et des matériaux biosourcés.
Nous avons voulu prendre en compte l’avant (dans quelles conditions sont fabriqués les éléments qui composent la maison, avec quels matériaux, transportés sur quelle distance ?) et l’après (le jour où ce bâtiment devra être rénové ou ne sera plus une habitation, est-ce que les éléments le composant seront des déchets ultimes pour les futurs occupants ou pourront-ils être réemployés ou recyclés facilement ?).
Nous avons donc optimisé la conception thermique en faisant appel à un bureau d’étude qui a modélisé les apports solaires, l’isolation et les ponts thermiques, les besoins en chauffage et les flux de ventilation.
Quels ont été vos critères de choix pour les isolants et menuiseries ?
Nous souhaitions utiliser les matériaux les plus naturels et locaux possibles, ce qui a éliminé d’emblée le PVC et le bois exotique pour les menuiseries, et la laine de verre et compagnie pour l’isolant.
L’ITE a été retenue pour limiter les ponts thermiques et profiter de l’inertie des murs en pierre, et sera mise en œuvre avec de la fibre de bois et un bardage en douglas. Les soubassements d’ITE et l’isolation périphérique de la dalle seront en liège.
Les combles seront perdues et isolées avec de la ouate de cellulose, que nous projetteront nous-mêmes.
Les enduits intérieurs seront réalisés en terre en chantier participatif.
Les cloisons intérieures seront construites en Fermacell et isolées en Métisse (laine de coton recyclé), un isolant que nous utilisons également pour le plancher intermédiaire.
Nous avons choisi des menuiseries double vitrage en chêne.
Quel type de chauffage envisagez-vous et quels seront les apports solaires ?
La maison aura une grande façade vitrée côté sud avec une serre intérieure pour maximiser les apports solaires.
Un poêle à bois bûche de 8 kW viendra compléter le chauffage, avec une consommation d’environ 3 stères par an estimée par le BE thermique. Par sécurité, nous avons quand même prévu des attentes électriques dans les chambres et salle de bain.
Pour se protéger des rayons solaires en été, de grands volets permettront d’occulter la vitre de la serre et des brises-soleil orientables sont placés sur toutes les fenêtres. L’eau chaude sanitaire sera alimentée par des capteurs solaires extérieurs, que nous avons placés au sol afin de pouvoir optimiser leur inclinaison en fonction de la saison et ainsi maximiser leur rendement.
Avez-vous dû renoncer à certains matériaux ou techniques, pour quelle raison et quelles alternatives avez-vous privilégiées ?
Nous avons malheureusement dû renoncer à un isolant biosourcé sous la dalle du RDC : le liège ne remplissait pas les critères de résistance à la compression nécessaire pour avoir une dalle faisant la finition, ce sera du polystyrène.
Par ailleurs, nous avions réfléchi à des alternatives au béton pour la dalle, car sa fabrication est énergivore. Cependant sa résistance permet de supporter la serre intérieure et son inertie est un atout supplémentaire pour la performance thermique. Nous avions également souhaité un puits canadien pour rafraîchir la maison en cas de canicule prolongée sans recourir à la climatisation. Mais son coût dépassait notre budget, nous allons donc uniquement prédisposer les éléments nécessaires à sa future réalisation.
Enfin, nous souhaitions initialement réutiliser les bottes de chanvre produites à la ferme où travaille Valentin pour l’isolation des combles ; cependant la mise en œuvre nous semblait trop chronophage à cause du redimensionnement nécessaire des bottes et leur compression. Nous les remplacerons par de la ouate de cellulose.
Données techniques :
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- Superficie du terrain : env. 2 000 m² plutôt plat
- Superficie de la maison : 126 m² sur deux étages
Article publié par « Canopée » le 22/09/2023