Énergies

Dossier Éolien

par | 1 décembre 2021 | Énergies

« Des articles rédigés sur le thème de l’éolien »

Vous trouverez dans ce dossier plusieurs articles rédigés sur le thème de l’éolien par des membres de canopée et reflétant diverses approches.

Un dossier a été élaboré par l’association aveyronnaise Comité Causse Comtal. Le contenu est très objectif, sérieux et complet, prenant en compte tous les aspects de la question des parcs éoliens. Ce dossier est pour nous un document de référence sur le sujet.

Éoliennes en Aveyron entre désastres, nécessités et opportunités.

Pascal Devoille, Canopée, janvier 2016

Les projets éoliens décoiffent ! On peut en rire, sauf que l’affaire est tendue ! À St Saturnin-de-Lenne, dernièrement, une remorque érigée en slogan anti-éolien brûle. On peux s’attendre au pire, vu que chaque projet éolien a son cortège de détracteurs et d’irréductibles défenseurs. À lire les blogs ou les sites anti éoliens et si on suit les réunion « d’information », ces projets, très nombreux il est vrai, sont autant de drames pour le pays où ils s’implantent . De fait, les promoteurs se précipitent dans les lieux autorisés, car l’Aveyron, pays de vent, devient pays de cocagne et si de nombreuses zones sont déclarées zones protégées de ces encombrantes machines, les espaces libres voient déferler les envies d’investissements.

RAPPEL
l’énergie du vent reste l’une des plus vertueuse pour l’environnement, avec une très faible empreinte écologique, vérifiable par tous ceux qui prennent le temps d’aller glaner des information diverses et objectives . Les nuisances locales sont réelles, mais elles sont à mettre en balance avec celles des autres énergies, bien plus terrifiantes.Qu’on en juge : dérèglement climatique mortifère du carburant de nos voitures, kilowatts nucléaires dans nos maisons, au potentiel Tchernobyl et autres déchets nucléaires dont on ne sait quoi faire. Même la combustion du bois doit être des meilleures pour éviter la pollution et cette ressource, bien que renouvelable, doit être consommée raisonnablement, car sa combustion rejette le CO2 stocké dans ses cellules et ce stock est long à se reconstituer.

LA PREMIÈRE ERREUR
qui engendre ce climat de conflit c’est parler de l’éolien sans le remettre dans son contexte. Car il y a nécessité, ce ne sont pas les promoteurs qui créent le besoin et qui arrivent du ciel avec leur attaché-case La France s’est engagée dans une ambitieuse et difficile transition énergétique : diviser par 4 les émissions de gaz à effets de serre diminuer les consommations d’énergie de moitié baisser à 50 % la part du nucléaire dans la production d’électricité. Voilà les raisons du développement des éoliennes, irremplaçables dans le mix énergétique aux côtés de la biomasse et du photovoltaïque .

LA DEUXIÈME ERREUR
est l’absence de pédagogie des autorités. Il faut d’urgence que des ambassadeurs de la transition énergétique, comme il y a des ambassadeurs du tri, expliquent dans chaque commune, l’urgence et la nécessité de mettre en œuvre au niveau local et au niveau individuel cette transition. Les maires sont laissés seuls face à des défis énormes. Un de ces défis est l’implantation des parcs éoliens et leur intégration. Actuellement, les projets se construisent avec des études au cas par cas mais sans une vision d’ensemble. Sinon comment expliquer la multiplication des machines au point de saturer des paysages ? Où sont les paysagistes qui raisonnent au niveau des grands territoires ?

ET ENFIN…
quand arrêterons-nous de privilégier la rentabilité à l’intégration dans des paysages aussi beaux et fragiles que ceux des basses montagnes Aveyronnaise ? Des machines de 150 m ne s’intègrent plus sur des collines, alors qu’elles s’effacent dans les plaines. Des hauteurs de 100 m maximum sont plus judicieuses. Une fois ces aspects envisagés et résolus, sachons voir les immenses opportunités des éoliennes . Elles permettent enfin d’aborder localement la transition énergétique, de créer une dynamique.

Mais aussi :

    • De produire et consommer au plus près l’énergie et de se responsabiliser à son économie .
    • De changer de contrat électrique en prenant un contrat énergie renouvelable.
    • De permettre un financement citoyen et participatif sur les investissements des machines, compatible avec des investissements publics ou capitalistiques.
    • De développer l’emploi. De créer de nouvelles ressources financières locales.

A chacun de prendre ses responsabilités et les éoliennes deviendront un atout, un outil, un marqueur dans nos paysages, aussi fort et nécessaire que la route pour les déplacements.

 

Et si les éoliennes étaient au cœur de notre développement rural ?

Jacques Alvernhe, Canopée, février 2016

Depuis de nombreuses décennies, le déclin démographique de nos régions rurales se poursuit inexorablement. Les centres urbains attirent les jeunes, les sans emploi, les diplômés de nos campagnes. Le vingtième siècle a été marqué par un exode rural à destination des grands centres urbains (nos bougnats parisiens), voire à destination de terres lointaines à coloniser (nos aveyronnais de Pigüe). Ces dernières décennies, ce sont les pôles urbains plus proches, voire départementaux qui voient croître leur population (Toulouse, Rodez, Millau) mais toujours au détriment des campagnes.

Le monde rural est propre à la production agricole, mais celle-ci se fait avec un nombre toujours moindre d’agriculteurs. Et les services en milieu rural (artisanat, commerce) suivent la même courbe. Plus récemment, un autre domaine d’activité est venu prendre ses marques en ruralité, c’est le tourisme (agro-tourisme, tourisme vert …).

Les investissements privés, les aménagements et initiatives des collectivités locales, les politiques publiques soutiennent le développement de ces deux grands secteurs, l’agriculture et le tourisme. Pourtant, une commune comme celle de Salles-Curan, pourtant dotée d’un potentiel non négligeable dans les deux domaines, a vu sa démographie passer de 2 316 habitants en 1946 à 1 064 en 2013. Au cours de la même période la population de Millau s’est accrue de plus de 25 % (73 % pour Toulouse).

Mais globalement les régions à dominante rurale se dépeuplent : l’arrondissement de Millau a perdu 13 % de sa population en un demi-siècle.

Le corollaire de cette évolution démographique est le délitement du tissu économique et social de nos zones rurales. Nous nous battons continuellement pour tenter de sauvegarder le moindre service : le bistrot du village, le forgeron, le petit commerce. Mais ce sont, bien sûr, les services publics et tout particulièrement dans les domaines de l’éducation et de la santé qui sont le plus touchés par cette déprise. Inutile de lister les fermetures d’écoles ou de services hospitaliers.

Parallèlement, l’Aveyron est, de longue date, un département pourvoyeur d’énergie pour le reste du territoire national. C’est l’hydroélectricité développée dans l’après-guerre qui en a été le principal vecteur. Aujourd’hui, la quantité d’électricité produite par les barrages aveyronnais est supérieure à la consommation du département. Et depuis les années 2000 ce sont les parcs éoliens qui surgissent de terre ainsi que, dans une moindre mesure, les champs photovoltaïques. Force est de constater que l’Aveyron possède des gisements éolien et solaire conséquents. Le potentiel de développement de ces énergies renouvelables est donc bien réel. Et il faudrait raisonnablement y ajouter les potentialités de développement de la production énergétique issue de la biomasse, déjà en cours à travers l’exploitation de la forêt aveyronnaise (filière bois énergie).

N’est-il pas temps de considérer que les énergies renouvelables constituent le troisième pilier économique du département, après l’agriculture et le tourisme ? L’une de ses spécificités ?

Notre production agricole ne satisfait pas que des besoins autarciques. Elle s’intègre dans l’ensemble de la production agricole servant à nourrir la population nationale (et au-delà), en particulier la population citadine. Pourquoi n’en serait-il pas de même pour notre production énergétique ?

La ruralité aveyronnaise est agricole et touristique. Elle pourrait être aussi énergétique.

Les énergies renouvelables et leurs productions doivent être inscrites sur le CV de l’Aveyron.

Mais cette émergence des ER en atout majeur du département ne doit pas se faire sans condition. En effet, il ne s’agit pas de reproduire les schémas qui ont eu cours pour l’agriculture et l’hydraulique de la deuxième moitié du siècle dernier. Dans le domaine agricole, il s’agissait de sauver ce qui pouvait l’être (et l’Aveyron n’est pas le département qui s’en est le plus mal sorti).

L’heure n’était pas aux conditionnalités. Nous n’avions pas la main. Quant à l’hydraulique, la raison d’Etat de la reconstruction et des temps gaullistes et pompidoliens ne laissait guère de place au débat et aux alternatives.

Mais aujourd’hui il en est autrement. Nous devons prendre la main sur l’émergence de ce pilier. Il nous revient de définir et de poser (d’imposer) les conditions du développement des ER en Aveyron.

Nous, zones rurales, revendiquons notre place dans la société. Nous sommes un des éléments de sa diversité. Nous sommes porteurs de potentialités qui sont complémentaires de celles des autres zones, qu’elles soient rurales ou urbaines.
Nous sommes disposés à mettre en valeur et à mettre au service des autres notre potentiel énergétique 100 % renouvelables, mais cela doit s’inscrire dans les termes d’un échange gagnant – gagnant entre ruralité et urbanité.

Nous produisons pour vous de l’énergie et, qui plus est, de l’énergie propre ; en contrepartie vous nous garantissez certains services (santé, éducation, …) et un certain niveau dans ces services. Il s’agit d’une revendication aboutissant l’établissement d’une sorte de nouveau contrat social ou sociétal. Les ER sont l’élément moteur de cette revendication. L’éolien en est le point de départ mais le contrat vaut pour l’ensemble des ER. Le contexte local, les politiques nationales peuvent permettre demain l’explosion du photovoltaïque ou de la biomasse, pour lesquels les potentiels sont aussi très importants dans nos zones rurales.

Les ER constituent ainsi un enjeu du développement rural dans la mesure où elles répondent à un objectif qui dépasse les simples notions de vent, d’argent ou de nuisances (sans les écarter, bien sûr). Cet objectif se double d’un retour bénéficiaire pour nos sociétés rurales.
Les ER s’inscrivent donc dans la délicate question des relations entre cités et campagnes.

Ce sont les complémentarités entre ces 2 mondes qui se jouent. Il faut que ce soit compris. Il faut donc que ce soit dit.

Voir les « droit de réponse » à nos prises de position :

Avis de citoyens sur les parcs éoliens en aveyron :

Article publié par « Canopée » le 01/12/2021

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