Énergies

Rouler sans Pétrole ?

par | 1 janvier 2022 | Énergies

« Quelles sont les alternatives au pétrole ? »

Alors que les carburants fossiles sont promis à une exploitation jusqu’à épuisement des stocks, quelles sont les alternatives au pétrole ?

Avant tout, prendre la mesure des choses : Le pétrole est de loin, la source d’énergie la plus utilisée dans les transports. Ce secteur représente aujourd’hui 70% de la consommation finale de pétrole, contre seulement 30% en 1973.

Peut-on remplacer le pétrole pour assurer les transports routiers ?  Des possibilités de substitutions existent : GPL, gaz naturel et surtout électricité et hydrogène. Le développement des véhicules électrique ou à hydrogène,  peut poser de réels problèmes au stade de la production de l’électricité.

Pour prendre la mesure du problème posé, il faut savoir que la puissance sous le capot du parc automobile français est de l’ordre de 1800 GWth (28 millions de véhicules d’une puissance moyenne de 65 kW) soit 7 fois la puissance du parc de production électrique d’EDF. (source : Les cahiers de GLOBAL CHANCE – N°17 – Septembre 2003

La pile à combustible

Une nouvelle filière, la pile à combustible, cumule les atouts suivants : un rendement final élevé et l’absence d’émissions de polluants à l’utilisation finale. Seul problème : ce carburant “miracle” n’existe pas tel quel dans la nature. Il est systématiquement associé à d’autres éléments, par exemple l’oxygène dans la composition de l’eau (H2O). Il faut donc l’extraire : une opération coûteuse en énergie… et émettrice de CO2 ! Aujourd’hui, la production d’hydrogène se fait à 95 % à partir de ressources fossiles et principalement par “vaporeformage” du gaz naturel. Exposé à de la vapeur d’eau très chaude, ce dernier libère l’hydrogène qu’il contient. C’est le procédé le plus économique (2 €/kg), mais il n’a rien d’écologique car il utilise une énergie fossile et rejette de grandes quantités de CO2. La fabrication d’un kilo d’hydrogène produit environ 10 kg de CO2 ! Un véhicule à pile à combustible performant comme la Toyota Mirai nécessite 1 kg d’hydrogène pour parcourir 100 km. Il émet donc 100 g/km de CO2. Pas mieux qu’un diesel.

Mais il existe d’autres moyens de production.

La méthode écologique la plus connue est l’électrolyse de l’eau. Avec cette méthode de production, le bilan CO2 est bien meilleur (surtout si l’électricité est issue d’une source renouvelable)… mais d’autres problèmes apparaissent. En effet, il faut 66 kWh d’électricité pour produire 1 kg d’hydrogène sous pression (700 bars) avec lequel un véhicule à pile à combustible peut parcourir 100 km. Avec la même énergie, un véhicule électrique à batterie roulerait 350 km ! Il est donc plus efficace de stocker l’électricité dans une batterie que de la transformer en hydrogène.

Que ce soit pour produire de l’hydrogène ou pour charger des batteries, nous ne disposerons jamais de la quantité d’électricité nécessaire pour alimenter le parc actuel de véhicules.

Malgré cela, le projet des établissements BRALEY en vue  de produire l’hydrogène fabriqué à partir d’électricité verte dite fatale** par électrolyse de l’eau va dans le (bon) sens d’une nécessaire diversité de l’offre énergétique.

Le GPL et le gaz naturel

Issus des réserves fossiles, ils ne sont plus performants au vu des moteurs actuels et du filtrage des gaz d’échappement et ils sont générateurs de gaz à effet de serre. Les biocarburants ont l’avantage d’être « propres » et renouvelables, mais ils posent d’autres problèmes, liés à l’occupation des terres ainsi que leur prix de revient. Compte tenu des difficultés présentées par le véhicule électrique** (voir le commentaire en bas de page) et celui à pile à combustible, le véhicule hybride peut être un plus en attendant mieux.

Conclusion

Il ne sera donc pas possible de substituer une nouvelle énergie au pétrole sans changer de multiples facteurs liés à la mobilité des personnes et des marchandises.  Il faudra avant tout réduire nos déplacements individuels (covoiturage, transports en commun), repenser l’organisation du travail, rétablir les services et commerces de proximité, privilégier les productions locales. Tout un programme !

** électricité verte dite fatale : il s’agit de l’électricité produite par les énergies renouvelables,non consommée lors des pics de productions et donc perdue
** le véhicule électrique, le commentaire de Bernard PETIT, membre du RES (Réseau Environnement Santé) :

Certains pensent que la voiture électrique est la solution d’avenir avec “0 pollution”.

Cet argument est largement entretenu par les constructeurs, exemple : NISSAN clame en gros caractères “zéro émission”* pour sa Leaf 100% électrique. Seulement, en petits caractères à peine lisibles, en bas de page, on lit *: “Zéro émission de CO2 à l’utilisation…”. Évidemment, déclarer le CO 2 et les autres polluants émis par les différents types de centrales électriques nécessaires en amont serait moins vendeur (en attendant l’électricité 100% d’origine renouvelable). Par exemple, pour des voitures de la gamme des petites compactes, les émissions en équivalent CO 2 se situent entre 85 et 110 g de CO2/km (ADEME, UFC) ce qui ne semble pas révolutionnaire, et encore en France nous disposons d’une électricité d’origine principalement nucléaire, relativement pauvre en dépense carbonée. Que deviennent alors les performances de ces véhicules dans les autres pays encore fortement équipés en centrales thermiques ?

On voit que le véhicule électrique est très dépendant de la source de production d’électricité.

On ne dit pas non plus que ce type de véhicule, comme tous les autres, produit aussi des particules équivalentes à celles des autres véhicules par l’usure des plaquettes de freins et des pneumatiques. Cette contribution n’est pas marginale, selon l’ADEME, car un véhicule
électrique freine plus qu’un véhicule à moteur thermique (perte de l’effet frein moteur).

Enfin, la voiture électrique déplace les problèmes environnementaux.

Alors que nous devrions aller vers plus de sobriété énergétique, cette technique va accroître la demande en électricité et en lithium, utilisé dans les batteries aujourd’hui. L’extraction du lithium nécessite de multiples procédés chimiques et des dépenses énergétiques dans les pays producteurs entraînant ainsi des pollutions et des problèmes de ressources.

Et pour aller plus loin :

Définition et implications du concept de voiture propre
Les évolutions du secteur transport, rupture ou continuité ? Pierre Radanne (ancien président de l’ADEME) Voir l’article

Article publié par “Canopée” le 01/01/2022

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